Communication Violente VS Communication non violente

par Michael Rickwood -

Une bataille fait toujours rage dans les cœurs et dans les esprits au sein de la ville connue pour les discours qui y ont été prononcés. Faisons en sorte que l’élection américaine de 2020 soit une leçon pour tous les dirigeants de demain.

Je voyage régulièrement à Washington DC. Ayant un client important sur Pennsylvania Avenue, j’ai la chance de bien connaître la ville et ses habitants, de pouvoir travailler le jour et de me sociabiliser la nuit, de respirer l’atmosphère de la ville et de m’imprégner de sa politique. Washington DC est une ville inspirée, construite sur des discours mondialement connus. Et les références historiques ne manquent pas : le discours de Martin Luther King « I have a dream » en 1963, l’inauguration de Franklin D. Roosevelt (« La seule chose dont nous devons avoir peur, c’est la peur elle-même ») et le discours de Ronald Reagan au sujet de la tragédie de la navette Challenger… Et la liste est encore longue. Il y en a des centaines.

En ce moment-même, à Washington, en ce mois de novembre 2020, une bataille fait rage.

Le 2 novembre, les États-Unis se sont rendus aux urnes pour élire un nouveau Président, et depuis lors, une grande partie du monde est tenue en haleine. Au moment de la rédaction de cet article, Joe Biden est en route pour la Maison Blanche, mais le Président sortant Trump n’accepte pas sa défaite.

Je voudrais analyser deux discours importants que nous avons entendu de ces candidats : le discours d’acceptation prononcé par le Président élu le samedi 7 novembre et une conférence de presse donnée par le Président sortant le jeudi 5.

Tout d’abord, analysons le discours de Trump. Le jeudi qui a suivi la soirée électorale, et après les briefings de ses principaux conseillers, Donald Trump a pris la décision de remettre en cause l’intégrité du vote. Pour reprendre les termes de nombreux médias, « il n’a jamais atteint un niveau aussi bas ».

Au cours de son allocution, le style du Président a été ferme et indigné, reprochant le résultat. Pour quiconque ignore plus de deux siècles d’élections aux États-Unis, cela pourrait peut-être être une démonstration convaincante car la plupart des gens ne regarderont pas les détails d’aussi près. Mais à la lecture de la retranscription, il y a des éléments profondément troublants. Il a commencé brutalement avec l’accusation selon laquelle ses opposants tentaient de voler les élections, et s’en est suivie une série stupéfiante de mensonges qui ont fait verser des larmes à certains experts des médias au moment de la diffusion. Dans les archives des discours présidentiels, il restera l’un des plus toxiques jamais prononcés par un occupant du bureau ovale. Un mélange dystopique de projection, de conspiration et de confusion, une sélection de griefs et de faits alternatifs. Toute personne qui écoute cela, qu’elle soit pour ou contre ce candidat, se sent agressée, troublée et lasse. Les objectifs : semer le doute, déstabiliser et discréditer.

Pour de nombreux partisans de Joe Biden et pour de simples électeurs de Trump en quête de certitude, le discours d’acceptation de Biden a apporté un peu d’optimisme.

Premièrement, en reconnaissant des amis proches et des membres de sa famille parmi le public, il a ensuite élargi sa perspective au reste de l’audience et du pays, et en quelques minutes, il a parlé d’unité, de rassembler les partis opposés, d’améliorer l’image internationale de l’Amérique et de présenter les personnes de son équipe qui l’aideront à mettre en oeuvre ses ambitions. Sa présentation était vivante et animée, ressemblant et sonnant comme un homme plus jeune que ses 77 ans. « Donnons-nous une chance », a-t-il dit aux partisans de Trump. La décence, l’équité et la science sont des mots qu’il a souligné.

Nous sommes bien loin des griefs personnels de Trump. C’est un ton fondamentalement non violent et optimiste, cherchant à calmer et à rassurer son public, copiant en partie Obama et en partie Reagan, et pour ceux qui souhaitent voir le pays unifié plutôt que divisé, c’est un retour bienvenu dans l’Amérique que nous connaissions auparavant.

À un moment où la Covid-19 fait rage avec 10 millions de cas rien qu’aux États-Unis, un changement de ton ne sera pas suffisant, mais il peut aider à créer les conditions suffisantes pour que les Américains travaillent ensemble à vaincre la pandémie.

Qu’en est-il de la communication en entreprise ? La communication violente sous toutes ses formes, avec le temps, brisera l’ambiance et épuisera l’auditoire. Un mauvais leadership en communication, des incohérences, des menaces, des demi-vérités et des bluffs détruiront la confiance de vos équipes et aliéneront les partenaires. La plupart des chefs d’entreprise le savent, c’est pourquoi chaque organisation travaille dur pour former de bons communicants. Mais le style de Trump laissera sa marque dans le monde entier, et le ton de la communication violente se répandra dans toutes les organisations et entreprises pour les années à venir.

Quelle que soit l’entreprise ou l’organisation pour laquelle vous travaillez, un leadership réussi donne du pouvoir à votre système et à vos employés. Que cette bataille de communication violente/non violente soit une leçon pour tous les futurs dirigeants : inspirez le respect, et non la peur; favorisez la connexion, pas la division; et faites évoluer vos employés au lieu de les abattre.