III. Art oratoire

III. Art oratoire

Utiliser les techniques d'art oratoire pour réaliser son pitch de manière convaicante et naturelle.

Dans cette partie, nous allons vous donner des conseils pour améliorer votre langage corporel et émotionnel.

1 Ancrer son corps

L’ancrage corporel repose sur le travail de la posture. Un bon ancrage offre plus de stabilité et projette une meilleure confiance en soi.

Les trois éléments essentiels de l’ancrage sont : posture, respiration et contact visuel.

1 Posture de base

Une bonne posture projette une image de confiance et de présence sur scène. Elle facilite également le flux d’air entre nos poumons et notre bouche. Nous allons voir la posture théorique « idéale ». Cette posture de base est assez contraignante, mais nous verrons qu’en réalité nous avons plus de liberté.

Appuis

  • Pieds : à plat sur le sol, séparés de la largeur de nos hanches.
  • Jambes : toniques, droites, mais pas rigides.
  • Hanches : face à l’auditoire, alignées avec le reste de notre corps.
  • Torse, cou et tête : droit, comme si un fil invisible nous tirait par le sommet de notre tête, mais en restant détendu.

Éviter de prendre une posture exagérée, comme la posture du « cow-boy ».

Pour créer un peu plus de présence, nous pouvons nous pencher très légèrement en avant (très, très légèrement, un ou deux degrés maximum). C’est très subtil, mais cela sera interprété comme une volonté d’établir une connexion avec l’auditoire.

Quoi que nous fassions, la posture doit nous sembler naturelle et non forcée.

Exercice : tout le monde se lève et pratique la posture de base.

2 Respiration

Une respiration calme, profonde, nous aidera à rester détendus et naturels sur scène. Il y a deux types de respirations :

  • Thoracique : cette respiration donne l’impression de venir du haut des poumons.
  • Abdominale : cette respiration donne l’impression de venir du bas du ventre.

Respiration thoracique et abdominale

Pour comprendre la différence, le mieux est de faire un exercice.

Exercice : fermez les yeux. Placez une main sur votre poitrine et inspirez lentement, puis expirez. Puis placez une main sur votre ventre et faites le même exercice.

Une fois ce premier exercice fait, prenons le temps de prendre conscience de la capacité réelle de nos poumons, en particulier si nous avons tendance à avoir une respiration courte lorsque nous sommes stressés.

Exercice : gardez les yeux fermés. Maintenant, inspirez lentement pour remplir vos poumons à fond. Puis expirez lentement, jusqu’à ce que vos poumons soient complètement vides. Répétez pendant une minute.

Lors d’une présentation, personne n’a le temps de penser à sa respiration. Pour les personnes qui risquent d’avoir une respiration trop courte ou trop rapide, nous conseillons de pratiquer la respiration discrètement avant la présentation en tant qu’échauffement. Heureusement, nous verrons plus loin qu’il existe d’autres moyens pour se détendre et se préparer à monter sur scène.

3 L’arme secrète : le contact visuel

Nous avons vu la posture, la respiration et la voix. Il y a un élément qui lie tous ces éléments ensemble : le contact visuel. Avec le contact visuel, nous pouvons :

  • Éliminer les mouvements parasites sans devoir y penser,
  • Respirer plus naturellement sans avoir besoin d’y penser,
  • Parler avec une voix plus naturelle sans avoir besoin d’y penser.

Cela peut sembler trop beau pour être vrai, mais c’est la réalité. Il existe une raison pour laquelle le contact visuel résout tous ces problèmes :

  • Lorsque nous établissons un contact visuel avec quelqu’un, notre cerveau nous donne instinctivement l’ordre d’arrêter de bouger.
  • Lorsque nous nous focalisons sur quelqu’un, notre cerveau arrête de se focaliser sur nous-mêmes et sur la façon dont nous respirons. Autrement dit, nous arrêtons d’être centrés sur nous-mêmes et sur nos propres pensées. Cela nous aide à être plus naturels et à être moins stressés.
  • Lorsque nous parlons avec quelqu’un en établissant un contact visuel, cela crée une connexion. La personne face à nous n’est plus un étranger, mais quelqu’un avec qui nous avons une conversation. Et cela change tout.

Par deux, nous établissons un contact visuel. En gardant ce contact visuel, nous nous déplaçons. Nous observons ce qu’il se passe.

Entre la posture, la respiration et la voix, le contact visuel est l’élément clé que nous recommandons de pratiquer en priorité.

Un contact visuel efficace est quelque chose qui demande de l’entraînement. Par défaut, nous avons tous tendance à regarder dans la même direction. Nous devons apprendre comment établir un contact visuel avec un auditoire de 10 000 personnes. Bien sûr, il est impossible de regarder individuellement 10 000 personnes. Mais nous pouvons regarder dans la direction de chaque personne.

Pour apprendre à faire cela, nous pouvons utiliser l’exercice des Post-its. Nous plaçons 6 post-its : deux à gauche à des hauteurs différentes, deux au milieu et deux à droite. Nous établissons un contact visuel avec un des Post-its, et nous lui adressons au moins une phrase complète. Une fois ce message adressé, nous regardons un autre post-it et nous lui adressons au moins une phrase complète. Nous continuons jusqu’à avoir regardé les 6 post-its.

Nous veillons à ne pas rompre le contact visuel au milieu d’une phrase, ou cela créera l’impression que nous ne parlons par vraiment à cette personne. Nous devons terminer au moins une ou deux phrases complètes.

Si nous continuons à avoir des mouvements parasites lorsque nous établissons un contact visuel, cela signifie que nous n’établissons pas un véritable contact visuel. Nous regardons dans toutes les directions, mais, sans établir de contact. Nous devons réellement nous « ancrer » dans le regard de la personne.

Exercice : Utilisez le contact visuel pour adresser une partie de votre message.

2 Utiliser un langage corporel cohérent

Outre la posture, le langage corporel est constitué des gestes et des mouvements que nous allons faire, même s’ils sont parfois imperceptibles.

1. Gestes

Les bons gestes mettent en valeur nos mots et sont cohérents avec l’intention de notre discours. Tout comme les mouvements, il ne faut pas les surinterpréter ni trop y penser lorsque nous sommes sur scène. Les gestes naturels sont les meilleurs. Nous devrions simplement nous entraîner à éviter les gestes inappropriés.

2. Exemples de gestes inappropriés

Les gestes inappropriés doivent être évités, en partie parce qu’ils peuvent trahir le stress, l’anxiété et l’insécurité, mais surtout parce qu’ils sont socialement inappropriés. Par exemple, saviez-vous que croiser vos bras n’est pas nécessairement un signe de blocage de la communication ? C’est en réalité un geste de confort : nous croisons les bras parce que c’est confortable. Beaucoup de personnes croisent les bras parce que cela leur permet de mieux écouter ! Cependant, nous ne devons pas le faire, car la perception culturelle de ce geste est négative.

Voici quelques exemples de gestes à éviter :

  • Ne pas se frotter les mains (comme M. Burns dans les Simpson lorsqu’il prépare un mauvais coup)
  • Ne pas mettre les mains dans les poches
  • Ne pas mettre les mains derrière le dos
  • Ne pas croiser les bras
  • Ne pas se gratter ou toucher son visage
  • Ne pas montrer la semelle de ses chaussures, cela peut être considéré comme une insulte dans certaines cultures.
  • Ne pas pointer du doigt.
  • De manière générale, ne pas utiliser de gestes avec les doigts.

Il est particulièrement important d’éviter les gestes avec les doigts lors de conférences multiculturelles. Il y a une image de George W. Bush (le père, pas le fils) qui fait le signe V de la victoire aux Australiens. Malheureusement, sa main est dans le mauvais sens, et ce geste ne signifie pas du tout la victoire en Australie… Nous ne connaîtrons jamais la signification locale de tous les gestes, aussi li vaut mieux les éviter.

3. Comment utiliser les gestes

D’après Jerry Weissman, un coach américain en prise de parole avec le plus d’expérience, l’importance des gestes est surestimée, et nous partageons le même point de vue. Les gestes naturels sont les meilleurs, tant que nous évitons les gestes listés ci-dessus.

Nous pouvons démarrer notre prise de parole avec nos bras détendus, le long de notre corps. le ressenti de cette position est désagréable, bizarre, mais elle n’a pas l’air bizarre, tant que nous ne restons pas dans cette posture trop longtemps.

Nous pouvons alors ajouter des gestes en bougeant nos bras et nos mains naturellement, en synchronisation avec notre prise de parole. Certains d’entre nous utilisent beaucoup de gestes, d’autres beaucoup moins, cela n’a pas vraiment d’importance.

Si nous avons besoin de montrer quelque chose, nous n’utilisons pas l’index. À la place, nous utilisons toute la main, étendue, comme Spiderman.

Nous pouvons utiliser des gestes spécifiques pour renforcer certains de nos mots, mais si nous prenons quelques minutes pour y penser, nous allons nous rendre compte qu’il n’y a finalement pas beaucoup de gestes utiles lors d’une présentation. Voici quelques exemples :

  • Nous pouvons utiliser nos mains rapprochées pour montrer que quelque chose est petit (nos mains, pas nos doigts).
  • Nous pouvons écarter les bras pour montrer à quel point quelque chose est grand ou important.
  • Nous pouvons montrer le ciel pour illustrer notre ambition ou nous pouvons montrer le sol pour illustrer le côté réaliste de nos propos.
  • Nous pouvons frapper du poing sur la table pour montrer le poids de nos mots (cela n’est pas toujours approprié).
  • Nous pouvons bouger nos mains en rythme avec nos mots.
  • Nous pouvons utiliser nos mains en signe d’apaisement ou pour ralentir.
  • Nous pouvons utiliser nos mains pour montrer une ligne du temps imaginaire ou un déplacement dans l’espace.
  • Nous pouvons utiliser nos mains en un mouvement circulaire, par exemple pour illustrer le concept de recyclage.
  • Nous pouvons utiliser nos mains pour illustrer un blocage puis retirer notre main pour montrer que le blocage a été résolu.

Ces gestes spécifiques peuvent être utilisés de manière spontanée ou planifiés lors de la préparation jusqu’à ce qu’ils deviennent automatiques.

4. Utiliser les gestes en miroir

C’est une technique avancée. Lorsque vous faites des gestes, pour tout semble inversé pour votre auditoire. Cela n’a pas d’importance pour les gestes symétriques, mais si vous faites un mouvement de votre gauche à votre droite pour illustrer le passage du temps, votre auditoire aura l’impression que vous faites ce mouvement à l’envers. Nous devons inverser le sens de tous nous mouvements ; dans cet exemple, nous devons bouger nos mains de la droite vers la gauche.

Exercice : en binôme. Une personne pratique la gestuelle, en commençant les bras le long du corps. Elle effectue les gestes en miroir pour illustrer une ligne du temps, l’autre personne observe. Ensuite les rôles sont inversés.

5. Mouvements

Avoir une bonne posture ne signifie pas que nous devions rester tout le temps sur place sans bouger. Nous pouvons nous déplacer, mais nos mouvements doivent avoir du sens par rapport à notre discours. Nous devons cependant éviter les mouvements inutiles ou parasites.

6. Donner du sens à ses mouvements

Nous ne devons pas passer beaucoup de temps à penser à comment nous nous déplaçons pendant notre présentation ; ce n’est pas la priorité. Mais nous pouvons nous entraîner à nous déplacer avec du sens.

Par exemple, nous pouvons nous déplacer sur la gauche lorsque nous voulons nous adresser aux personnes sur la gauche de l’auditoire. Ensuite nous reculons pour nous approcher de l’écran pour montrer quelque chose sur une diapositive. Puis nous pouvons avancer pour nous rapprocher de l’auditoire pour créer une sensation de proximité.

7. Éviter les mouvements parasites

Des exemples de mouvements parasites sont :

  • Se balancer d’avant en arrière ou de gauche à droite.
  • Trépigner au même endroit, sans jamais aller nulle part.
  • Marcher très rapidement d’un côté de la scène à l’autre (syndrome de l’animal en cage)

La bonne nouvelle, c’est que si nous utilisons correctement le contact visuel, alors nos mouvements parasites disparaissent automatiquement, comme par magie. C’est ce que nous recommandons : lorsque vous vous adressez à un auditoire, concentrez-vous sur le contact visuel.

Je me déplace avec du sens et j’évite les mouvements parasites.

3 Maîtriser son langage émotionnel

Nous appelons « langage émotionnel » les réactions instinctives que nous avons lors d’une présentation. Nos réactions peuvent être positives (lorsque nous avons un retour qui nous semble positif de la part de l’audience), mais elles peuvent également être négatives, lorsqu’on ressent une situation de conflit, de l’agressivité ou de la négativité.

Tout comme lorsque les sportifs de haut niveau, nous sommes moins performants lorsque nous laissons notre instinct décider de notre langage émotionnel. Par exemple, accepter de réagir instinctivement avec colère contre une attaque verbale peut causer une réaction en chaîne incontrôlable. Un bon orateur va donc apprendre à maîtriser son langage émotionnel pour en faire un outil qu’il utilisera en fonction de l’effet qu’il souhaite créer.

1 Rester naturel : découvrir son style

Nous sommes tous différents. C’est vrai pour la prise de parole en public. Certains peuvent raconter des blagues, d’autres ne doivent même pas y penser. Certains d’entre nous sont calmes, d’autres sont animés. Cela n’a pas d’importance. Si nous restons authentiques, que nous ne trahissons pas qui nous sommes, nous pouvons tous être de bons présentateurs, chacun avec notre propre style.

Si vous êtes extraverti, utilisez votre capacité à établir une connexion. Si vous êtes plutôt introverti, utilisez votre capacité à faire preuve de sagesse. Mais si vous essayez de devenir quelqu’un d’autre, vous perdrez toute crédibilité.

Exercice : prenez le temps de réfléchir à ce qui fonctionne pour vous et ce qui ne fonctionne pas. Prenez le temps de définir votre style.

2 Faire face à une audience négative

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une personne ou une audience peut avoir une attitude négative :

  • Intérêt personnel divergent : la personne a un ami qui travaille pour un concurrent et ne veut pas vous voir gagner un appel d’offres.
  • Problèmes personnels : la personne a des problèmes personnels qui l’empêchent de voir les choses positivement.
  • Peur de perdre la face : peur du changement et d’être responsable d’un échec si le nouveau choix n’est pas le bon. Peur du ridicule.
  • Peur de pensée divergente : un dicton dit que les investisseurs préfèrent avoir tort ensemble que raison seuls. Il est beaucoup plus simple de se conformer à l’avis du groupe que d’aller contre lui.
  • Jeu : la personne joue un jeu, un personnage pour déstabiliser le présentateur. C’est un cas fréquent lors de négociations.
  • Pure méchanceté : malheureusement, cela existe.

Heureusement, il existe des techniques pour atténuer, contourner, voire éliminer ces blocages.

La stratégie globale consiste à :

  • Renforcer nos alliés : leur donner les arguments nécessaires pour les rassurer et les faire briller.
  • Rallier les indécis : ceux-ci se rallieront à vos alliés s’ils sentent la balance pencher en leur faveur. Au pire, ils resteront neutres.
  • Désarmer les opposants : faire en sorte que les arguments des opposants n’aient pas de valeur. Éviter le conflit direct.

La posture mentale de départ à adopter est de comprendre ce sur quoi nous pouvons réellement agir et ce sur quoi nous n’avons pas de contrôle direct. Nous allons nous focaliser uniquement sur ce que nous pouvons réellement agir directement.

Par exemple, si une personne a une attitude agressive, le langage émotionnel que nous allons utiliser instinctivement est de fuir, se battre ou « faire le mort ». Nous allons réagir de manière spontanée, soit en :

  • Essayant de nous justifier, ce qui va donner plus de poids à l’argument de l’adversaire.
  • Contre-attaquant, ce qui va créer la situation de conflit voulue par votre opposant.
  • Renonçant, ce qui va créer une impression négative.

Si par contre nous utilisons le langage émotionnel à notre avantage, en nous focalisons sur ce que nous pouvons faire, nous allons rester constructif et de bonne volonté face à l’attaque, et notre opposant n’aura pas de prise. Au lieu de prendre l’avantage, il passera pour la personne qui veut « saboter » la présentation.

Par exemple une personne de l’audience nous invective : « Votre campagne n’est vraiment pas aboutie, je ne pense pas que cela corresponde à ce que nous recherchons. »

En nous focalisant sur ce que nous pouvons faire, nous restons rationnels et nous empêchons notre instinct (peur, agressivité) de prendre le dessus.

Nous pouvons commencer par rechercher le pourquoi de l’intervention négative. Est-ce une simple question que nous interprétons comme étant agressive ? Est-ce une tentative de nous mettre en difficulté ? Cela nous permet déjà de choisir consciemment dans notre catalogue de langage émotionnel le type de réponse appropriée. Par exemple :

  • Si l’objectif est de nous faire perdre notre calme, nous choisissons de rester calme.
  • Si l’objectif est de nous faire peur, nous montrons que nous n’avons pas peur.
  • Si l’objectif est de nous faire tomber dans un piège, nous choisissons de faire un pas de côté.
  • Et dans bien des cas, il n’y a en réalité pas de piège, c’est notre cerveau instinctif qui, face au stress, va sur-interpréter les intentions de d’audience.

Ensuite, nous essayons de comprendre quel est le « point central » de la question. Dans notre exemple, il n’y a aucun élément factuel, uniquement des jugements de valeur.

Enfin, nous faisons notre réponse constructive. Si nous nous rendons compte qu’il s’agit d’une tentative de déstabilisation, mais sans réel argument :

  • Nous pouvons demander plus de précisions sur ce que la personne aimerait changer ; nous n’hésitons pas à creuser jusqu’à ce que la personne s’arrête, car elle n’a pas de réel argument. La personne finira par avoir peur de perdre la face et s’arrêtera avec une formule du type « oui, enfin, je dis ça comme ça, mais sinon c’est bien ».
  • Rappeler les points forts de ce que nous proposons. « Nous sommes convaincus que cette campagne répond exactement à votre besoin. Nos analyses montrent en effet qu’elle améliore de 3 points l’image de marque, ce qui est l’élément le plus important pour vous. » Nous renforçons la position de nos alliés pour désarmer l’adversaire.

Dans tous les cas, n’ayez pas l’objectif final en tête (par exemple « nous devons gagner cet appel d’offres » est un objectif non immédiat, sans possibilité d’agir directement dessus, donc générateur de stress et d’anxiété), mais plutôt sur le mouvement suivant qui vous permettra d’avancer (par exemple « j’ai les arguments pour contrecarrer mon opposant, je les déploie pour pouvoir avancer au point suivant »).

Préparer une liste de questions difficiles, les poser à l’orateur qui va s’entraîner à jouer avec les questions.

3 Stress : comment vaincre la peur

La peur de la prise de parole en public vient d’une réponse physiologique instinctive : la perception du danger. Nos sens déclenchent les signaux d’alerte, et notre cerveau perçoit les mêmes signaux que si nous allions être mangés par un prédateur : il appuie sur le bouton « panique » et notre stress explose. Tout le monde ressent du stress lors d’une présentation en public, mais certains d’entre nous savent comment le gérer. Nous allons voir maintenant comment gérer ce stress.

Nous sommes programmés pour protéger deux choses : notre intégrité physique (corps) et notre intégrité mentale (ego). Face au danger, nous avons trois stratégies primaires :

  • Nous battre : le présentateur devient trop agressif et assertif.
  • Fuir : le présentateur parle très vite, et marche nerveusement d’un bout à l’autre de la scène.
  • Faire le mort : le présentateur qui parle très lentement et qui est à peine audible.

Le premier pas pour vaincre notre peur est de réaliser que ces peurs sont en grande partie purement imaginaires. Il n’y a pas de tigre prêt à nous dévorer. Personne ne va nous exécuter si nous échouons. Sauf si nous faisons face à une foule en colère, notre intégrité physique ne risque rien ; cela retire déjà la moitié du danger.

Lorsque nous prenons la parole en public, nos peurs viennent de notre désir de protéger notre ego. Ces peurs sont principalement la peur de l’échec et la peur du jugement. Un échec ou un jugement négatif va menacer notre ego, l’image que nous avons construite de nous-mêmes au fil du temps.

Cela nous donne la solution pour gérer notre stress : nous devons apprendre non pas à nous focaliser sur la préservation de notre ego et sur ce qui pourrait se passer si nous échouons, mais plutôt à nous concentrer sur notre auditoire et à être présents, ici et maintenant. Il existe différentes techniques pour y parvenir. Elles peuvent fonctionner ou non, en fonction de la nature de vos peurs et de votre personnalité :

  • Utiliser des techniques de respiration et de méditation, pour rester concentrer sur notre auditoire et sur le présent. Cependant, certaines personnes trouvent cela plus stressant que relaxant.
  • Garder son esprit dans l’instant présent : parler avec d’autres personnes, trouver quelque chose pour garder nos pensées dans l’instant présent.
  • Se focaliser sur ce que l’on peut faire maintenant, sur ce sur quoi on a un contrôle et une influence directe. L’objectif est de ne jamais laisser notre esprit vagabonder, aller dans le « terrier du lapin », là où notre esprit est libre d’imaginer des scénarios catastrophes imaginaires.
  • Établir une connexion avec l’auditoire avant notre présentation, pour nous faire des alliés dans l’auditoire. Si possible, nous pouvons amener des personnes en qui nous avons confiance dans l’auditoire. Cela aide à réduire la peur du jugement.
  • La préparation est essentielle. La prise de parole en public est le seul sport où on pense pouvoir gagner sans s’entraîner.

Nous ne pouvons pas nous débarrasser du vertige en allant grimper l’Everest, parce que nous nous arrêterons à la première difficulté. Si notre peur de la prise de parole est particulièrement forte, nous recommandons de s’entraîner progressivement et régulièrement. Au fil du temps, vous allez acquérir la confiance nécessaire et trouver les mécanismes pour gérer votre peur de la prise de parole en public.

4 Exercices

En 2 groupes, entraînez-vous chacun à faire votre pitch face aux autres. Le groupe encourage et donne du feedback bienveillant pour aider l’orateur à s’améliorer.