IV. Convaincre avec le langage verbal

Nous venons de voir les bases : posture, respiration, voir et contact visuel. Nous sommes maintenant prêts à travailler sur la prise de parole.

1. Voix

Le son que nous émettons, notre tessiture vocale, est en partie dicté par nos gènes (notre ADN, par exemple la taille de nos cordes vocales) et en partie dicté par notre cerveau (nous avons la capacité de parler fort, mais nous avons peut-être développé l’habitude de parler avec une voix faible et douce, et cela est gravé dans notre cerveau). Nous pouvons nous entraîner à accroître notre registre vocal. Cependant, cela prend beaucoup de temps, parfois des années et des milliers d’heures pour les bons chanteurs. Nous avons pris conscience que les présentateurs en entreprise n’ont pas le temps de réellement travailler sur leur registre vocal. La vérité est que ce travail n’a pas autant d’importance qu’il n’y paraît au premier abord. Ce qui est important, c’est de parler suffisamment fort, clairement, et surtout avec « authenticité ».

Pour l’instant, nous allons simplement apprendre à « ressentir » le son que nous produisons, et nous allons mieux comprendre comment il est généré. Pour commencer, nous allons faire un exercice pour identifier notre « voix de poitrine ».

Placez une main sur votre poitrine. Faites « hmmm » et essayez de produire un son venant de votre poitrine. Le son devrait être plutôt dans le registre grave de votre voix.

Une fois ce premier exercice terminé, nous passons à la « voix de tête ».

Placez maintenant une main sur le sommet de votre tête. Faites « hmmm » et essayez de faire résonner les os de votre crâne. Le son devrait être plus aigu que lorsque vous générez le son depuis votre poitrine.

Nous pouvons maintenant travailler les deux types de voix, et identifier celle qui nous permet de parler naturellement et avec le moins d’effort possible.

Maintenant, placez une main sur votre poitrine et une autre sur le sommet de votre tête. Faites « hmmm » en alternant le grave et l’aigu. Sentez les différentes parts de votre corps qui résonnent selon la tonalité de votre voix.

Ce travail de la voix se fait normalement sur le long terme. Les chanteurs professionnels travaillent pendant des années pour perfectionner leur voix.

Continuez d’explorer les résonateurs de votre corps : poitrine, cordes vocales, crâne, pommettes, etc.

Chacun se focalise sur « sa » voix, celle qui permet à chacun d’exprimer au mieux son registre naturel ; en prise de parole, c’est cette voix qui est la plus efficace.

2. Vitesse

À partir de quelle vitesse parle-t-on trop vite ? Cela dépend, mais au-dessus de 170 mots par minute, il devient difficile de tout suivre. Idéalement, nous ne devrions pas parler plus rapidement que 150 mots par minute.

À partir de quelle vitesse parle-t-on trop lentement ? Nous ne parlons pratiquement jamais trop lentement (sauf lorsque nous « faisons le mort » face au stress). Au fil du temps, la vitesse moyenne d’une prise de parole a augmenté. Si nous écoutons aujourd’hui des orateurs comme Martin Luther King ou Jacques Chirac, ils semblent parler plus lentement que tous les orateurs actuels.

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Puisque notre vitesse maximum est autour de 150 mots par minute, nous pouvons utiliser cette astuce pour déterminer facilement la durée de notre prise de parole : nous prenons le nombre total de mots de notre texte et nous le divisons par 150.

Exercice : prenez la parole en binômes, et veillez à ne pas parler trop vite.

3. Ton

Nous sommes tous différents. Nous avons tous un timbre de voix naturel qu’il est impossible de changer fondamentalement ; la meilleure chose que nous pouvons faire est de développer une voix naturelle qui soit clairement audible. Mais nous devons éviter de tomber dans les travers suivants :

  • Essayer de rendre notre voix artificiellement plus basse pour lui donner plus de poids (syndrome Elizabeth Holmes, appelé par les Américains « vocal fry »). Au fil du temps, la voix utilisée par Hollywood pour les bandes-annonces est devenue de plus en plus grave. Ils ont probablement sélectionné la seule personne dans le monde avec la capacité à avoir cette voix. N’essayons pas de l’imiter.
  • Une voix trop aiguë, car cela entraîne une fatigue auditive pour l’auditoire, et est probablement un signe de stress. Entre une voix trop grave et une voix trop aiguë, il est possible de trouver un juste milieu qui nous correspond.
  • Augmenter le volume et le côté aigu de notre voix à la fin des phrases. Cela donne l’impression que nous ne sommes pas certains de ce que nous sommes en train de dire et que cela diminue notre présence.

Si vous êtes une personne joyeuse, utilisez cela à votre avantage. Si vous êtes calme et réfléchi, utilisez cela à votre avantage. Mais n’essayez pas de devenir quelqu’un d’autre sur scène.

Exercice : pratiquez l’exercice de tonalité. Sur base du travail de résonance effectué plus tôt, trouvez un timbre de voix qui soit « naturel » et « sans effort » pour vous. Utilisez la résonance naturelle de votre corps plutôt que de forcer.

4. Le pouvoir de la pause

Ajouter des pauses aux moments stratégiques peut grandement augmenter l’impact de nos mots. Apprenez à insérer des pauses aux bons endroits. La pause a plusieurs effets : elle montre que ce qui vient d’être dit est important. Elle laisse le temps à l’auditoire d’absorber vos mots. Et elle attire l’attention.

Exercice : utilisez une pause pour augmenter l’effet dramatique de vos mots.